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Les cours sont organisés avec le Musée de Picardie,
2 rue Puvis de Chavanne, 80000 Amiens.
Téléphone : 03 22 97 14 00 ou cours.regions[a]ecoledulouvre.fr
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Des places sont disponibles par correspondance, veuillez trouver ci-dessous les documents à télécharger et à envoyer :
« Un musée est devenu l’ornement nécessaire de toute ville qui se respecte, et les étrangers qui visitent pourraient se demander s’il existe un hôtel de ville sans musée. Cette pullulation rapide des collections d’art dans nos provinces est à coup sûr l’un des plus singuliers phénomènes de ces temps-ci ». Cette citation empruntée à Philippe de Chennevières, inspecteur des musées de province au milieu du XIXe siècle, pourrait aussi bien illustrer le phénomène qu’il observe alors que celui de la multiplication des musées d’« architectes stars » dont nous sommes aujourd’hui les témoins. L’inauguration du musée d’Amiens rénové est l’occasion de nous interroger sur l’évolution des fonctions attribuées à l’institution entre deux des périodes les plus riches en matière de création architecturale dans ce domaine. Il s’agira en premier lieu de montrer comment, au XIXe siècle, les entreprises locales répondent aux mêmes enjeux que les grandes entreprises nationales dont le musée du Louvre constitue pour les Beaux-Arts le modèle archétypal. Il s’agira ensuite de montrer comment l’évolution des fonctions attribuées au musée s’est traduite par une grande inventivité architecturale avec parfois un écueil, - que l’écrin fasse oublier les bijoux qu’il contient.
Alors même que le musée propose pour la première fois une exposition dédiée aux Puys de la cathédrale d’Amiens, objets d’une ambitieuse campagne de restauration, ce cycle de conférences explore un champ majeur de la peinture de l’époque moderne, celui de la commande de tableaux d’autel et de dévotion en France à l’époque moderne, et notamment du XVIIe siècle.
Placée en tant que peinture d’histoire au sommet de la hiérarchie des genres picturaux, la peinture religieuse fait l’objet, au lendemain du Concile de Trente, d’un important renouveau : il se manifeste autant dans l’essor des commandes accompagnant la construction de nouveaux espaces de culte (églises paroissiales, oratoires privés, édifices des ordres religieux) et de nouveaux autels, que dans l’évolution de l'iconographie.
Dans ce champ qui demeure pour les jeunes artistes un biais important pour accéder à la reconnaissance et à une carrière officielle, les conditions de la commande sont déterminées par le rôle des dévots individuels, puissants ou plus humbles, mais aussi des ordres (jésuites, carmes, chartreux, bénédictins…), des confréries, des corporations, et des marguilliers, ces paroissiens qui administrent les dépenses de la Fabrique d’une église, parfois par la politique royale. La piété se déploie alors de retables en grands cycles, fréquemment dispersés par la Révolution française et dont il faut restituer le contexte architectural originel pour comprendre l’effet, souvent spectaculaire, illusionniste. Dans la production parisienne et provinciale émergent des talents qui témoignent d’une histoire de la peinture française moderne : Simon Vouet, Eustache Le Sueur, Laurent de la Hyre, Nicolas Poussin, Jacques Stella, Charles Le Brun, Philippe de Champaigne, Sébastien Bourdon, Charles de la Fosse, Jean Jouvenet…
Une attention particulière sera accordée dans cette exploration aux Mays de la cathédrale Notre-Dame de Paris, offerts annuellement à la Vierge par la riche corporation des orfèvres tous les mois de mai (1630-1707), en contrepoint aux Puys qui furent élaborés chaque Noël pour la cathédrale d’Amiens (1438-1666).